13 juin 2012
Nous arrivons à Arequipa en début de matinée, sauf que cette fois-ci, nous avons beaucoup mieux dormi dans le bus. On n’irait pas jusqu’à dire qu’on se sent complètement reposés mais quand même, on a la pêche ce matin ! Dès la sortie de la gare routière, nous nous faisons héler par les rabatteurs qui veulent déjà nous vendre une excursion ou un hôtel, que nous déclinons poliment. Nous attrapons un taxi qui nous conduit jusqu’à notre hôtel, y déposons nos affaires, prenons une bonne douche, et nous voilà repartis pour visiter la ville ! Nous commençons par nous diriger vers le monastère Santa Catalina, un des monuments incontournables d’Arequipa. Ce couvent entouré de hautes murailles de pierre occupe un pâté de maisons entier, formant presque une citadelle au coeur de la ville. Sa visite constituait l’une des choses qu’on ne voulait manquer sous aucun prétexte…
Entrée du couvent
Ce couvent fut construit en 1580 par une veuve fortunée qui sélectionnait soigneusement ses religieuses. Elle n’acceptait que les jeunes filles issues des meilleures familles espagnoles, qui lui apportaient un dot conséquante. Selon la tradition, ces jeunes filles (généralement cadettes de familles artistocrates) entraient au couvent pour renoncer aux biens matériels mais à Santa Catalina, le traitement était un peu particulier : chacune disposait d’une ou de plusieurs servantes et elles pouvaient même inviter des musiciens ou organiser des réceptions. Seulement voilà, après plusieurs siècles de bons traitements, le pape Pie IX décida de restaurer la discipline. Une religieuse fut chargée en 1871 de renvoyer les aristocrates et de libérer les multiples servantes et esclaves. A compter de cette époque, le monastère s’enveloppa de mystères… (merci le Lonely Planet pour ces précieux renseignements).
Aujourd’hui, le monastère de Santa Catalina constitue presque un « monde oublié » fait d’une succession de cours fleuries, de passages sinueux, de cellules abandonnées et de mobilier d’époque. Quelques 30 religieuses continuent de mener une vie recluse dans certains bâtiments qui ne sont pas ouverts au public. Quand à nous, nous passons plus de deux heures à arpenter le monastère et sommes fascinés par toutes ces pièces au mobilier rudimentaire, par toutes ces cours colorées, par tous ces passages abandonnés qui nous plongent au coeur de l’univers des religieuses. Dans la plupart des pièces, le mobilier est resté tel quel et on croirait presque que le monastère s’est vidé subitement de ses habitantes, mais qu’elles pouraient bien revenir d’une minute à l’autre…
Chambre d’une religieuse
Deux autres chambres… on remarque que le confort est vraiment rudimentaire
La pièce qui servait d’école
Cour avec les lavoirs
Les cuisines…
Le puit
Vue sur les toits d’Arequipa depuis le sommet du monastère
Une fois la visite terminée, notre estomac commence à crier famine ! Nous décidons donc de tester une « picanteria », il s’agit d’un petit resto type auberge qui sert la cuisine typique d’Arequipa. Celle que nous choisissons s’appelle El Nuevo Palomina et est situé dans le quartier de Yumara, un peu à l’extérieur du centre-ville. Nous optons pour deux plats : une truite-frite pour Nico et pour moi, un bon cochon d’Inde rôti ! Et oui, je ne sais plus si je l’avais déjà dit ou pas, mais le cochon d’Inde est un plat très typique du Pérou. Dans les petits villages, on peut même voir des élevages de cochons d’Inde destinés à finir… dans l’assiette ! En espagnol, le cochon d’Inde se dit « cuy » et on peut en voir sur toutes les cartes et à toutes les sauces ! Du coup, je me dit qu’il ne faut pas mourir idiot et je décide de tester. Malgré tout, je ne peux pas m’empêcher une petite larme à l’œil quand je vois arriver cette pauvre bête dans mon assiette… Résultat des courses : il n’y a pas grand-chose à manger dans ces ptites bêtes, mais c’est plutôt bon ! Le goût ressemble légèrement au poulet, mais sans plus. C’est assez atypique comme goût ! En tout cas, je ne suis pas déçue d’avoir testé.
Test culinaire… le « cuy » (cochon d’inde) grillé !
Après ça, nous grimons jusqu’à un belvédère situé à quelques rues de notre restaurant. Celui-ci offre un beau panorama sur la ville et sur le volcan El Misti, haut de plus de 5800m et qui domine la ville. Ce volcan est vraiment impressionnant, avec sa forme conique et son petit capuchon de neige blanche tout au sommet.
Le volcan El Misti, qui culmine à plus de 5800m !
De retour au centre-ville, nous partons visiter le « museo sanctuario andino »… que se cache-t-il derrière ce mot me direz-vous ? En fait, il s’agit du musée dédié à la momie Juanita, surnommé la « princesse des glaces », retrouvée dans le cratère d’un volcan dans les années 1990. Juanita fait partie des nombreux sacrifices d’enfants, perpétués par les incas, pour apaiser la colère des dieux. En effet, les incas pensaient que lorsque la météo se déchainait (par exemple, lorsqu’un volcan entrait en éruption) il s’agissait en fait de la manifestation de la colère de leurs dieux. Du coup, pour apaiser cette colère, les incas procédaient à des sacrifices d’enfants, le plus souvent dans des endroits sacrés et difficiles d’accès, comme le cratère d’un volcan. Ces enfants étaient souvent issus de familles aisées et choisis dès leurs naissances, éduqués et nourris à une seule fin : être sacrifiés… Le corps de Juanita a été retrouvé par deux alpinistes-archéologues au fond du cratère du volcan Ampato, situé à plus de 6000m d’altitude ! Les tests biologiques ont révélé que son corps datait de plus de 500 ans et qu’elle était âgée de 14 ans. Nous visitons le musée à l’aide d’un guide qui nous explique beaucoup de choses sur les rituels des sacrifices humains pour les incas, c’est vraiment passionnant. Nous finissons par voir le corps de Juanita, enfermé dans une sorte de congélateur et nous sommes immédiatement impressionnés par sa conservation. Juanita a encore ses dents, ses cheveux, et même sa peau ! On dirait qu’elle dort tranquillement et qu’elle pourrait se réveiller d’une minute à l’autre. Elle porte encore les tissus que les incas lui avaient revêtus avant sa mort et est recroquevillée sur elle-même en position fœtale (cette position signifiait la renaissance pour les incas)… c’est incroyable ! Avant leur mort, les enfants étaient plus ou moins drogués par l’alcool de maïs et les feuilles de coca, puis les incas leur assénaient un coup sur la tempe afin de les assommer avant de les abandonner au sommet de la montagne. Les enfants mourraient généralement d’hémorragie et de froid, en guise de sacrifice aux dieux… c’est incroyable ce que les hommes sont capables de faire, pour des rituels et des croyances. Il était interdit de prendre des photos à l’intérieur du musée, mais cette visite nous a énormément intéressée et nous a permis d’en apprendre davantage sur l’histoire et la civilisation incas.
Arequipa by night…
La cathédrale illuminée
En fin de journée, nous rentrons à l’hôtel et organisons notre départ au Cañon del Colca pour le lendemain. Nous avons décidé de visiter le cañon par nous-mêmes, sans passer par une agence. Du coup, nous discutons un long moment avec la propriétaire de notre hôtel (qui organise aussi des tours) et qui nous donne tout un tas de conseils pour nous aider à organiser notre parcours. Le soir, nous retournons dîner en ville dans un petit resto et cette fois-ci, nous goûtons à une autre spécialité de la cuisine Arequipeña, le « chupe de camarones », une soupe de crevettes avec des œufs, du formage et des pommes de terre… un délice !