Du 14 au 16 juin 2012
1er jour – route vers Cabanaconde :
Le Cañon del Colca est un des « must see » de la région d’Arequipa, pour la simple et bonne raison qu’il s’agit d’un des canyons les plus profonds du monde, qu’il est facilement accessible à pied et qui plus est, qu’il est situé dans un cadre absolument spectaculaire. Du coup forcément, un véritable business s’est développé autour de ce canyon qui est devenu une véritable attraction et de nombreuses agences à Arequipa proposent quelques jours d’excursion pour découvrir le canyon. L’idée de passer par une agence pour organiser notre excursion était tentante, ça évite d’avoir à se débrouille tout seuls et ça permet d’être pris en charge du début à la fin mais plusieurs personnes nous ont assurées qu’il était tout à fait possible de se rendre au canyon par soi-même, sans avoir recours aux services d’une agence. Qui plus est, l’idée de nous entasser dans un minivan blindé de touristes pour suivre un programme prédéfini ne nous plaisait guère… Du coup, après avoir pesé le pour et le contre, nous avons pris la décision d’aller explorer le Cañon del Colca par nous-mêmes, sans passer par une agence. L’aventure commence donc ici ! La première chose consiste à trouver un transport pour se rendre sur place. De ce coté là, pas trop de soucis car plusieurs compagnies de bus locales se rendent dans les petits villages qui bordent le canyon. Nous attrapons donc un bus en fin de matinée qui doit nous emmener jusqu’à Cabanaconde, un village situé tout au bout (et tout au bord !) du canyon. Nous voyageons principalement avec les locaux (ainsi que quelques touristes qui se lancent comme nous, c’est rassurant !) et nous ne tardons pas à sombrer de sommeil dans le bus. Lorsque nous émergeons, le bus est en train de descendre vers Chivay sur une jolie route qui serpente à travers un paysage splendide, alors que nous venons tout juste de passer un col à 4900m d’altitude… pfiouuuu ça fait haut ! Pas de mal de tête en perspective, c’est déjà une bonne chose. Le bus fait un stop à Chivay pour déposer des passagers et en reprendre d’autres et le moment est venu pour nous de nous acquitter du droit d’entrée qui permet d’accéder au canyon (et oui, tout se paie dans ce monde mon enfant ^^ !). Première (mauvaise) surprise du jour : le prix d’entrée à doublé par rapport à l’année dernière… De 35 soles nous sommes passés à 70 soles, comme ça, d’un coup ! En bons touristes qui ne nous laissons pas faire, nous demandons à la petite dame qui nous vend les billets la raison de cette inflation soudaine. Ce à quoi elle nous répond qu’il y a eu un changement de gérant et patati et patata… ouais en gros elle en sait rien, il faut qu’on paye et puis c’est tout ! Halala j’vous jure. Bref, nous avons les billets en main et le bus redémarre pour rallier Canabaconde. Il ne reste plus qu’une soixantaine de km mais sur une route non goudronnée cette fois-ci (autant dire, une piste !) et nous traversons de multiples petits villages situés tout le long du canyon. Les dames ici ont une tenue encore différente de celle que nous avions vu jusqu’à présent. Elles portent de jolis chapeaux de forme ronde brodés et colorés. Toutes les dames portent le même chapeau, c’est rigolo.
Eglise blanche de Yanque
Chapeau traditionnel brodé que portent les dames du coin
La piste serpente le long d’un paysage absolument spectaculaire, et longe parfois le bord du canyon, plutôt vertigineux. C’est un peu frustrant de découvrir le paysage à travers la fenêtre du bus, on aurait envie de s’arrêter partout pour prendre des photos et profiter de la belle vue… mais bon, on se dit qu’on aura tout le temps d’en profiter les prochains jours.
Photo prise depuis le bus…. photo quand même !
C’est à la nuit tombée que nous arrivons enfin à Cabanaconde (après 6h à bord d’un bus local… fatiguant, mais expérience mémorable !) et nous filons vers notre guesthouse. Nous nous installons dans notre chambre et ressortons pour diner. Ce soir, il y a une fête au village en l’honneur de Jésus et pour l’occasion, un orchestre de trompettes joue sur la place du village avant de se balader à travers les rues en faisant un ramdam pas possible. Nous l’entendrons d’ailleurs pendant la nuit, à 1h puis à 4h… quelqu’un pourrait-il leur confisquer leurs satanées trompettes ?!?
2ème jour – vol des condors et descente au fond du Cañon :
Le réveil sonne aux aurores. Ce matin, pas de temps à perdre car nous devons avaler notre petit déjeuner avant d’attraper le seul et unique bus qui peut nous conduire jusqu’à la « cruz del condor », point d’observation des majestueux condors. Le bus est censé partir à 6h30 et forcément, le petit déjeuner (qui est censé démarrer à partir de 6h) n’est pas prêt ! Le gars de notre guesthouse est encore à moitié endormi, il sort acheter du pain mais la vendeuse de pains n’a pas encore installé son stand… du coup le gars s’excuse jusque parterre en nous disant qu’il ne pourra pas y avoir de pdj ce matin… grrrrrrr ! Y’en a certains, on aimerait pouvoir leur tordre le coup ou les suspendre au plafond (gniark gniark gniark) ! Heureusement, nous avons toujours quelques provisions dans notre sac : une banane et des biscuits feront l’affaire. Nous attrapons nos sacs et filons sur la place du village pour attraper le bus (qui part avec ¼ d’heure de retard bien entendu !)… direction la Cruzdel Condor !
La fameuse « cruz del condor »
Nous arrivons sur le lieu-dit à 7h30, pour le moment il n’y a pas grand monde sur place… et pas un seul condor à l’horizon. Normal, il est encore un peu tôt. Nos amis les condors ne sont pas complètement stupides et sortent le bout de leur bec un peu plus tard, sur les coups de 8h ! Au début, nous en apercevons seulement deux ou trois qui sont tranquillement installés sur des rochers et qui ne semblent pas avoir envie de battre des ailes pour le moment. Quand à moi, je les observe en pensant « allez petit condor, envoles-toi ! ». Un peu plus tard, nous assistons à notre premier vol de condor : moment émotion, c’est vraiment majestueux ! Ils ont des ailes justes énormes et un bec crochu impressionnant. Le bout de leurs ailes ont les plumes écartées qui ressemblent à des doigts. Nous ne sommes pas au bout de nos surprises car un peu plus tard, ce sont des dizaines de condors qui volent au dessus (et au dessous) de notre tête. On a même parfois l’impression qu’ils vont nous foncer droit dessus tellement ils sont proches… véridique ! C’est vraiment impressionnant de les voir. Ils ne battent quasiment pas des ailes et restent proches de la paroi rocheuse pour profiter des courants ascendants (pas fous les condors !). Pendant ce temps, de nombreux minibus touristiques commencent à arriver, et la cruz del condor devient rapidement envahis de touristes. En même temps, on comprend pourquoi, car le jeu en vaut largement la chandelle. En tout cas personnellement, je ne m’attendais pas à voir autant de condors, et surtout pas d’aussi près ! Nous restons un bon moment à les observer et à les admirer, puis nous levons le camp sur les coups de 9h30 (mine de rien, ça fait déjà deux heures que nous sommes là).
Vue sur le canyon, avant l’arrivée des condors
Arrivée des condors !!
Ce qui nous a le plus marqué, c’est la taille de ces oiseaux et l’envergure des ailes…
Encore plus beaux dans le ciel…
Par contre, assis sur un rocher, c’est tout de suite moins sympathique !
Nous grimpons à bord d’un bus local qui passe justement à ce moment-là et qui nous conduit jusqu’au départ du sentier de randonnée. Il s’agit du sentier qui permet de descendre jusqu’au fond du canyon. C’est une des rando les plus spectaculaires (et les plus fréquentées) du canyon del Colca. D’ailleurs, pas besoin de chercher bien longtemps le départ du sentier, il suffit de repérer les petits groupes de touristes qui se préparent à descendre dans le canyon, tout comme nous !
Dès le début du sentier, nous découvrons des vues absolument fantastiques et vertigineuses sur le canyon. A son point le plus haut, le dénivelé s’élève à 1200m… une chute libre plutôt impressionnante ! Nous descendons progressivement le long de la paroi rocheuse du canyon, et distinguons tout au fond le fleuve « Rio Colca » qui coule entre les gorges du canyon. Nous apercevons également l’oasis de Sangalle, dans laquelle nous irons dormir ce soir, et qui parait toute petite vue d’ici. Une vraie petite oasis de verdure au milieu de ce paysage aride, le contraste est saisissant !
Notre sentier de balade, qui serpente tout le long du canyon
Des cactus géants un peu partout, on se croirait dans le far-west !
Arrivée dans le fond du canyon
Une fois arrivés tout au fond du canyon, nous traversons le rio Colca et remontons jusqu’au village de San Juan de Chucho dans lequel nous nous arrêtons pour la pause casse-croute. Nous entamons la boîte de pâté (pâté de sanglier de Corse très précisément) ramenée de France par nos copains Julie & Yannick que nous étalons en bonne couche sur du pain acheté ce matin… et on savoure tout simplement, ça fait tellement longtemps qu’on n’avait pas mangé de pâté ! Merci les copains pour cette attention qui nous a fait grandement plaisir !
Une fois rassasiés, nous poursuivons notre marche. Il nous reste encore un bon bout de chemin à parcourir avant d’arriver à Sangalle. Nous commençons par nous égarer un peu et à perdre le chemin. Heureusement, un jeune garçon du village nous aide à retomber sur nos pattes et nous finissons par retrouver le bon chemin. Nous grimpons un peu sur l’autre versant du canyon, traversons de nouveau une petit rivière quasiment asséchée et grimpons jusqu’à un second petit village. Nous nous y arrêtons pour boire un coup et discutons avec un papi qui semble ravi de pouvoir échanger quelques mots avec nous. Il a vécu toute sa vie ici, au fond du canyon del Colca, dans le même petit village isolé et accessible uniquement à pied ou a dos de mules… Quand à nous, nous poursuivons notre route jusqu’au prochain village, situé à seulement 20 min de marche.
Petit village au fond du canyon
Dames dans le village
Comme nous sommes dans un canyon entouré de hautes parois rocheuses, le soleil disparaît assez tôt ! Du coup, lorsque nous arrivons à Sangalle, l’oasis est déjà tout à l’ombre et il commence à faire frisquet. Nous visitons un ou deux hôtels avant de nous décider, les hôtels ici sont vraiment rudimentaires : de petites cabanes sans électricité et pas d’eau chaude bien entendu. En même temps c’est normal, n’oublions pas que nous sommes au fin fond d’un canyon ! Par contre, chose plutôt surprenante : tous les hôtels disposent d’une superbe piscine et le notre ne déroge pas à la règle. Il est un peu tard pour se baigner mais par contre, nous trempons nos pieds dans l’eau pour détendre nos muscles, ça fait beaucoup de bien après une longue journée de marche. Nous aurons parcouru près de20 kmdepuis le sommet du canyon, en traversant tous les villages, pour enfin arriver ici ! Le tout sous une chaleur accablante mais les paysages étaient tellement splendides que ça en valait largement la peine.
Notre cabane à l’oasis de Sangalle
Et même la piscine !
Le diner nous ait servi à 19h : une soupe suivi d’un plat de spaghetti bolognaise que nous apprécions grandement. Il est à peine 20h30 lorsque nous nous couchons, et nous ne mettons pas bien longtemps à tomber dans les bras de Morphée…
3ème jour – remontée du cañon et retour à Arequipa :
Le réveil nous tire du lit à 4h30 du matin… ça pique un peu les yeux ! Mais bizarrement, comme on s’est couché très tôt la veille, on se sent presque frais à cette heure plutôt matinale. Pourquoi se lever si tôt ? Tout simplement parce que nous devons remonter le canyon (soit 1200m de dénivelé positif) et attraper le bus qui part de Cabanaconde à 9h ! Le temps d’enfiler nos habits, nos chaussures de marche et de rassembler nos affaires, il est 5h lorsque nous nous mettons en marche. C’est à la lumière de la lampe frontale que nous démarrons l’ascension du canyon car à cette heure-ci, il fait encore nuit noir. Le jour se lève petit à petit tandis que nous grimpons et nous voyons les couleurs qui changent progressivement. Il nous faudra près de 3h30 pour parvenir jusqu’au sommet, avec certains passages fatigants pour les jambes (notamment des sortes de marches d’escaliers en pierre très irrégulières) mais ça y est, nous sommes au sommet… on l’a fait ! Il nous reste même un peu de temps pour savourer un succulent petit déjeuner à Cabanaconde, avant le départ du bus… qu’est-ce que c’est bon !
Ruelle de Canabaconde
Eglise du village
Nous grimpons à bord du bus qui doit nous conduire jusqu’à Chivay, un autre village situé tout au début du canyon. Nous sommes assis du bon coté du bus, ce qui nous permet de profiter et d’admirer le paysage qui (au risque de me répéter) est toujours aussi splendide ! Des terrasses de cultures qui s’étalent à perte de vue et qui nous rappellent un peu les rizières à Bali… le tout avec des nuances de couleurs sensationnelles et un ciel parfaitement bleu. C’est juste rageant de devoir prendre les photos à travers la fenêtre du bus, ça ne rend bien sur pas aussi bien qu’en vrai mais disons que ça donne déjà une idée.
Sur la route pour Chivay
Cultures en terrasse
Nous arrivons à Chivay sur les coups de 11h30 et filons directement au guichet de la compagnie de bus pour réserver notre prochain bus pour Arequipa. Pas de chance pour nous, le bus que nous voulions prendre à 14h a été annulé et il n’y a qu’un bus à 12h30… ce qui nous laisse seulement 1h à passer à Chivay… c’est court ! De toute façon nous n’avons pas le choix donc nous achetons nos tickets pour le bus de 12h30 et sautons dans un tuk-tuk pour rejoindre le centre de Chivay.
Eglise de Chivay
La raison pour laquelle nous voulions venir à Chivay est qu’il y a une foire agricole aujourd’hui même. Seulement les gens du coin n’ont pas l’air bien informés et nous galérons un peu pour savoir à quel endroit la foire se tient. Nous finissons par demander à un policier qui nous indique le lieu, à seulement 10 min de marche. Notre timing est serré mais ça devrait le faire quand même alors nous nous lançons au pas de course. Nous ne tardons pas à arriver sur les lieux, et nous sommes les seuls « gringos » (touristes) à l’horizon, du coup, nous ne passons pas inaperçu. Nous tachons de nous intéresser à ce que nous voyions, en posant des questions aux gens du coin. Nous voyions notamment plusieurs élevages de cochons d’inde ainsi que de beaux alpagas. Malheureusement, nous n’avons pas beaucoup de temps à consacrer à la foire et nous faisons rapidement demi-tour pour attraper notre bus !
Foire de Chivay
Troupeau d’alpagas
Nous sommes de retour à Arequipa en fin d’après-midi. Nous rejoignons notre hôtel pour récupérer le reste de nos affaires laissées ici. Nous en profitons pour prendre une bonne douche… la première depuis plusieurs jours, alors autant dire qu’on l’apprécie ! A 19h, nous nous rendons en direction dela Plazade Armas pour retrouver Julie et Yannick, car ce soir, nous prenons un bus de nuit tous les quatre pour rejoindre Cusco, notre prochaine étape ! Il y a un monde fou sur la place mais nous parvenons tout de même à retrouver les copains. Nous buvons un coup tous ensemble avant de monter dans un taxi pour rejoindre la gare routière. Nous nous installons confortablement sur nos sièges « cama » (ndlr : siège large, confortable et qui s’incline !) tout en papotant sur nos derniers jours de voyage…
Avec les copains, dans le bus pour Cusco !