Du 26 au 29 octobre 2011
11ème jour : de Muktinath (3760m) à Jomson (2720m) – Durée : 7h
Ce matin, nous nous accordons une grasse mat’ exceptionnelle et nous nous réveillons à 7h (whouuu grande classe !). Nous rejoignions Adeline et Mike au petit dej’ puis rebelote, nous plions nos sacs et on file pour une nouvelle journée de marche. Aujourd’hui, nous avons prévu d’aller jusqu’à Jomson, grosse bourgade dotée d’un aéroport par lequel transitent de nombreux touristes pour rejoindre Pokhara. Le chemin pour y aller est un peu moins intéressant car pendant une bonne partie de la journée, nous longeons la route des jeeps qui est en fait une piste de terre poussiéreuse sur laquelle des jeeps surchargées passent à toute vitesse en laissant derrière elles un nuage de poussière et de gaz d’échappement… moins glamour que les petits sentiers dans la montagne ! Et pourtant, le paysage autour de nous est magnifique. On se croirait tantôt au milieu de l’Atlas Marocain, avec les montagnes arides de couleur ocre qui nous font penser à des dunes de sables, tantôt en plein cœur des canyons californiens, avec d’énormes blocs de pierre pourpres taillés dans la roche. C’est superbe et c’est fou à quel point nous avons complètement changé de décor ces deux derniers jours. Nous empruntons un chemin parallèle qui nous permet d’éviter pendant un moment la route des jeeps et qui grimpe de nouveau dans la montagne.
De là, nous avons un très beau point de vue sur la montagne, la vallée, les villages perchés, les champs cultivés et la rivière en contrebas. Nous nous arrêtons pour déjeuner au village de Ekle Bhatti puis nous reprenons notre route. La deuxième partie de la journée sera nettement moins rigolote…un vent de tonnerre s’est levé, soulevant la poussière et nous empêchant d’avancer. On se croirait maintenant en plein milieu du Sahara par une tempête de sable. Un peu plus et nous allons apercevoir des Touaregs ! … Mais à défaut de Touaregs, ce sont toujours les jeeps qui passent à côté de nous à vive allure. On tente de résister et d’avancer coûte que coûte mais nous sommes très vite ensevelis sous la poussière : cheveux, yeux, bouche, tout y passe… c’est pas cool ! Nous avancerons comme cela pendant pratiquement 2h avant d’arriver enfin à Jomson.
Nous négocions une chambre à 4 avec Adeline et Mike et filons prendre une douche pour nous débarrasser de toute cette poussière… la bonne surprise, c’est que la douche est chaude, youhouuu ! Nous nous faisons une petite soirée tous les 4 car demain, nos chemins se séparerons : Adeline et Mike continueront à pied (les courageux) tandis que nous prendrons un bus pour gagner un peu de temps. Nous fêtons ça autour d’une bouteille de Marpha Brandy, un alcool local à base de pomme distillé dans un village des environs, Marpha.
12ème jour : de Jomson (2720m) à Tatopani (1190) via Ghasa – Durée : 3h de bus / 4h30 de marche
Nous disons au revoir à nos potes de trek Adeline et Mike en nous promettant de nous revoir une fois rentrés en France puis nous filons en direction de la station des bus. Nous avons décidé de prendre un bus jusqu’à Ghasa afin d’économiser 2j de marche sur une portion pas très intéressante puisqu’elle longe la route des jeeps et des bus. Bien entendu, notre bus est un engin tout pourri, qui doit dater de mathusalem, les sièges sont recouverts de poussière blanche (on comprendra mieux pourquoi après)… bref, nous nous installons tout au fond du bus car toutes les autres places sont prises, et en route ! A 8h le bus démarre. Très rapidement, on comprend que le voyage en bus jusqu’à Ghasa risque d’être trèèèès long et périlleux. La soi-disant route, qui est en fait une piste, est complètement défoncé, on enchaine creux, bosse, cailloux, trous, le tout en soulevant d’énormes nuages de poussière et en longeant le précipice … pas très rassurant tout ça ! Notre chauffeur roule comme un dingue mais il a l’air de maitriser son engin (enfin, on espère !), de toute façon, pas d’autre choix que de prendre notre mal en patience.
Trois heures plus tard, nous arrivons sains et saufs à Ghasa et après avoir mangé dans une petite gargotte du coin, nous nous mettons en marche jusqu’à Tatopani, notre étape du jour. Nous sommes quasiment seuls sur le chemin, nous ne croiserons pas un seul trekker, ni même un seul porteur, durant tout le trajet… à se demander si nous sommes sur la bonne route ! Le paysage est redevenu très verdoyant, on retrouve la végétation luxuriante et les cascades, un peu comme au début du trek. Nous traversons de minuscules petits villages perdus dans la montagne et longeons la Kali Gandaki River.
Nous arrivons à Tatopani à 17h et nous nous mettons à la recherche d’une chambre. Le village est très animé ce soir, des enfants chantent et dansent dans la rue, en allant de maison en maison. Des jeunes filles proposent aux touristes de leur faire un tikka (point rouge au milieu du front) en échange de quelques roupies. Nous profitons de la douche chaude pour détendre nos muscles, nos pieds commencent à souffrir après 12 jours de marche ! Nous descendons diner en terminant le repas par une énorme part de tarte aux pommes façon crumble, c’est festin ce soir ! Nous montons nous coucher sans trainer car demain, une longue journée de marche nous attend pour rejoindre Ghorepani…
13ème jour : de Tatopani (1190m) à Ghorepani (2860m) – Durée : 9h30
On reprend nos bonnes vieilles habitudes de trekkers et on se lève à 6h pour partir à 7h ! Aujourd’hui, l’objectif est de rejoindre la ville de Ghorepani, perchée à 2860m, soit plus de 1700m de dénivelé en un seul jour et avec nos sacs sur le dos, la barre est haute ! D’après notre carte, nous ne devrions pas mettre plus de 5h pour rejoindre notre but, ça nous parait très peu, nous sommes perplexes… on verra bien !
On avale nos pdj (muesli aux fruits et pain tibétain à la confiture), nous passons faire tamponner nos permis de trek au chekking post puis on se met en route. Un pont suspendu plus loin, le chemin commence à grimper, grimper, grimper… Sur la première partie de la journée, le paysage est plutôt sympa, la végétation est toujours aussi dense, il y a de belles cultures en terrasse, des petits villages où les habitants sont souriants et quelques belles montagnes enneigées en toile de fond, ça nous plait bien ! Malheureusement, le sentier devient très vite assez ingrat, on arrête pas de grimper des sortes de marches d’escaliers en pierre super raides et interminables et très vite, on commence à avoir sacrément mal aux jambes et à s’essouffler. Pour ajouter au tout, le sac pèse sur les épaules mais pas le choix, nous devons avancer.
Nous déjeunons au village de Sikha qui selon notre carte, était à 2h30 de marche… résultat : voilà 4h que nous marchons ! Ça promet pour la suite. On se console en se disant que de toute façon, les autres trekkers n’avancent pas plus vite que nous donc tout va bien ! Une fois rassasiés, nous nous remettons en marche. Grosso modo, nous avons fait la moitié du dénivelé de la journée, soit un peu plus de 800m. Il nous reste encore la même chose, ça devrait le faire puisque nous avons tout l’après-midi devant nous. Nous recommençons à grimper dans la montagne mais le chemin est toujours aussi raide et ingrat, c’est un peu décourageant… j’essaie de me motiver en voyant le sourire des enfants que nous croisons qui nous lancent des « namaste » tout en joignant leurs deux petites mains. Ils sont tellement adorables.
Arrivés au village de Chitre, il est 15h. Voyant que je suis vraiment épuisée physiquement, Nico me propose que nous nous arrêtions là pour aujourd’hui. Si nous voulons aller jusqu’à Ghorepani, cela veut dire encore 400m de dénivelé soit 1h30 de marche. Le plus dur est donc derrière nous ! Je me re-motive et puise dans mes réserves pour continuer. Après tout, Ghorepani est notre but, il faut y arriver et je sais que j’en suis capable malgré la fatigue. Nous décidons donc de poursuivre et grimpons sur une colline au milieu de la forêt. Nous commençons à apercevoir au loin les toits de Ghorepani, perchés sur la colline… nous y sommes presque ! Nous retrouvons juste devant nous d’autres trekkers que nous n’avions plus vus depuis un bon moment, on pensait qu’ils étaient bien plus loin, comme quoi, nous n’avançons pas si mal finalement. Ça me motive encore plus pour continuer, je mets de côté la fatigue et le mal dans les jambes et j’avance sans me poser de questions. Ce soir, nous dormirons à Ghorepani, un point c’est tout.
Il est 16h30 lorsque nous arrivons enfin à Ghorepani. De nouveau, la température s’est bien rafraichie puisque nous sommes à plus de 2800m ! Nous trouvons une guesthouse, il y a un poêle dans la pièce commune, de l’eau chaude dans la douche et la chambre est gratuite… que demander de plus ? On s’effondre sur nos lits, on a vraiment tout donné aujourd’hui ! Après 12j de marche, je pense que c’était un peu ambitieux de vouloir grimper les 1700m, avec nos sacs et la fatigue musculaire, mais nous y sommes arrivés, c’est le principal ! Nous filons prendre une douche chaude et passons la soirée autour du poêle chaud de la pièce commune.
14ème jour : de Ghorepani (2860m) à Nayapul (1070m) puis retour à Pokhara – Durée : 7h
Je ne suis vraiment pas en forme ce matin, j’ai dû choper la crève !… Nico a eu le courage de se lever tôt pour monter jusqu’à Poon Hill à 3200m, pour voir le lever du soleil sur les montagnes qui soit disant est magnifique à cet endroit. Il est parti à 5h alors que je suis restée bien au chaud dans mon duvet… et j’ai bien fait ! Car de retour à 7h, Nico me dit qu’il n’a quasiment rien vu à cause des nuages et qu’en plus, c’était tourist land au sommet ! Je me lève et nous descendons prendre notre pdj ensemble. Les nuages commencent à se dégager et nous apercevons le sommet de l’Annapurna South et de l’Annapurna I, que nous n’avions encore jamais vus jusqu’à présent.
Le sommet de Annapurna South
Annapurna I
A 8h30 nous nous mettons en marche et commençons la longue et périlleuse descente jusqu’à Nayapul, 1800m plus bas ! Bizarrement, c’est sur cette partie du trek que nous verrons le plus de monde car c’est une portion facilement accessible depuis Pokhara pour quelques jours de marche et c’est aussi le croisement entre plusieurs treks dans l’Himalaya. Nous qui étions plutôt tranquilles et pas trop dérangés par le monde jusqu’à présent, ça change ! Clairement, ce n’est pas la partie du trek que nous aurons préféré, loin de là !
Une gamine qui joue seule avec une machette… normal !
La descente est rude, nous descendons des escaliers de pierre interminables et raides, nos jambes souffrent et nous avons vraiment hâte d’arriver en bas. La pause déjeuner nous permet de reprendre des forces et heureusement, la deuxième partie de la journée sera beaucoup moins fatigante, le chemin redevient normal et descend régulièrement et il n’y a plus d’escaliers de pierre… ouf ! Arrivés à Nayapul, nous faisons apposer les tampons de sortie sur nos permis, cette fois-ci ça y est, c’est la fin du trek. Nous nous dirigeons vers l’arrêt des bus tout en papotant avec Damien et Sophie, les deux français rencontrés à Upper Pisang que nous avons recroisé par hasard durant la journée. Quelques temps plus tard, le bus arrive, il est vraiment blindé, il n’y a plus de places à l’intérieur et quelques personnes ont même commencé à s’installer sur le toit. Pas d’autre choix que de faire comme eux, nous attrapons nos sacs et grimpons sur le toit avec les locaux, c’est parti pour 2h de bus pour rentrer à Pokhara ! En même temps, pour 85Rs (moins d’1€) fallait pas s’attendre à mieux ! Nous on rêvait de faire ça parce que voyager sur le toit du bus, ça fait vraiment baroudeurs de l’extrême et on en rigole bien avec Damien et Sophie.
Sur le toit du bus avec les copains
Au début, nous nous prenons quelques branches d’arbre en pleine tronche mais très vite, on apprend à baisser la tête quand il le faut, comme le font les locaux ! Il fait nuit lorsque nous arrivons à Pokhara, nous retrouvons l’animation, les lumières de la ville, les klaxons… en plus ce soir, c’est soirée de festival, donc ça ne manque pas d’animation dans les rues ! Le bus nous dépose en plein cœur de la ville et nous retournons à notre guesthouse. Nous sommes accueillis à bras ouverts par la mère de famille qui nous prend dans ses bras lorsqu’elle nous voit arriver… ça fait chaud au cœur ! Nous déposons nos sacs, prenons une douche et filons manger un bout en ville. Ça nous fait tout bizarre de nous retrouver là après 15j dans les montagnes. On a un peu l’impression de se réveiller d’un long et beau rêve. Nous réalisons à quel point cette aventure était magique et inoubliable et combien tous ces beaux paysages resteront gravés dans nos mémoires à jamais…