Après nos deux journées à Evora, nous rejoignions la côte sud du Portugal. Cette vaste région s’appelle l’Algarve. Elle possède au niveau d’ensoleillement annuel record, si bien que les retraités anglais et allemands ont décidé d’y élire domicile (voir de coloniser les lieux !). Le littoral est donc parsemé de splendides demeures et le tourisme a largement élu domicile dans cette région. Nous décidons donc d’éviter la partie la plus prisée de l’Algarve pour nous concentrer sur le littoral beaucoup plus sauvage et préservé qui s’étend le long de la Costa Vicentina, la côte sud-ouest du Portugal. Il s’agit d’un parc national, donc point de construction le long des plages, seulement quelques bourgades qui n’ont pas encore vendu leur âme au dieu-tourisme et de biens jolis plages… Ceux qui nous connaissent ne seront certainement pas surpris par ce choix, ce sont les mêmes raisons qui nous avaient poussées à parcourir la côte ouest australienne plutôt que la côte est. Et bien une fois encore, nous ne regrettons pas notre choix !
1er jour : De Lagos au Cabo de Sao Vicente
Le point de départ de ce périple sur la côte vicentine commence à Lagos. Nous rejoignions cette bourgade en fin d’après-midi et nous mettons à la recherche d’un endroit où passer la nuit. On regarde du coté des plages, mais l’accès au camping-car pour la nuit y est bien souvent interdit. Et puis un vent terrible souffle, ce qui ne rend pas l’endroit des plus agréables. Tant pis, pour cette nuit, nous décidons de retourner au camping situé à 5min à pied du centre historique de Lagos. En attendant, nous faisons un tour du côté de Ponta da Piedade, un point de vue situé au sommet des falaises de couleurs rouges, ocres, et qui prennent des teintes dorées au crépuscule. Un sentier aménagé au sommet des falaises permet de découvrir ce paysage d’une réelle beauté. Pour le coup, ça nous rappelle un peu certains paysages de la Great Ocean Road en Australie, on a l’impression de revoir les 12 apôtres ! Vous verrez que nous ferons souvent le parallèle avec l’Australie, car cette région nous a vraiment rappelé les paysages de la côte australienne… nous y allons chacun notre tour, car il y a vraiment trop de vent pour notre tite passagère qui risque de ne pas apprécier du tout !

Le lendemain, une chaleur terrible s’est abattu sur nous ! Quand je dis terrible, ça doit être aux alentours de 30°C alors que jusqu’ici nous avions des températures beaucoup plus agréables (autour de 20-25°C). Nous équipons la puce avec crème solaire-chapeau-lunettes et décidons d’aller faire un tour dans le centre historique de Lagos.

C’est assez mignon et bien typique du Portugal (ruelles pavées, places ombragées, belles églises et façades recouvertes de faïences) mais un peu trop « aseptisé » à notre goût, surement du fait de la forte fréquentation touristique. Et encore, nous ne sommes pas en pleine saison ! On entend parler anglais, allemand, italien dans la rue, mais plus du tout portugais, quel dommage ! Et puis certaines rues sont une enfilade de restos touristiques sans charme… bref, nous ne sommes pas complètement emballés par l’ambiance de Lagos même s’il faut avouer que le centre historique est mignon et possède un certain charme.



Dans l’après-midi, nous levons le camp et mettons le cap sur Burgau, un petit village situé à une vingtaine de km de Lagos. Pour le coup, c’est un charmant petit village typique dont les maisons blanches descendent doucement jusqu’à la mer. Il y a même quelques barques de pêche tranquillement installées le long de la plage. Nous faisons un tour rapide du village, achetons des glaces et partons les manger sur la plage. Et puis nous passons toute la fin d’après-midi au bord de l’eau, l’ambiance est tellement agréable et le soleil beaucoup moins chaud, nous avons la plage presque pour nous tous seuls et nous passons un excellent moment.



Avant de repartir, nous faisons une petite halte dans un supérette pour acheter quelques fruits, puis nous mettons le cap vers… le cap Saint-Vincent ! Un des spots réputés pour son coucher de soleil, pour la simple raison qu’il s’agit de la pointe la plus occidentale de l’Europe continentale (histoire de ne pas fâcher nos amis irlandais ^^) et que c’est situé au sommet des falaises déchiquetées et vertigineuses dominées par un phare. Le phare sert bien entendu à prévenir les bateaux de ce lieu très dangereux pour la navigation mais autrefois, avant la construction du phare, il y a avait un couvent et c’étaient les nonnes qui agitaient toute la journée des centaines de clochettes pour prévenir les bateaux… youhou sympa comme occupation ^^ ! Enfin bref, en attendant que Mr le Soleil veuille bien se coucher, on fait un tour du côté du phare mais nous ne nous aventurons pas trop au sommet des falaises en raison des rafales de vent.


On gare le campervan face à la vue (rappelez-vous l’histoire de la fenêtre et du tableau !), comme ça on en profite pleinement tout en buvant l’apéro tranquillement installés dans notre van. Nous ressortons juste pour la p’tite photo du soleil couchant… il faut dire que c’est splendide… la vue est tellement large à cet endroit, on a l’impression d’un coucher de soleil à 360° ! Et aussi l’impression que le soleil disparait dans l’océan en raison de la vue très dégagé et de l’absence de voile nuageux… le spectacle est splendide et bien entendu les photos ne rendent pas aussi bien que ce moment unique.
Nous décidons de revenir un peu sur nos pas pour passer la nuit à l’abri d’une forteresse (les rafales de vent sont vraiment impressionnantes dans cette région et ce n’est pas toujours très agréable la nuit quand le van est secoué comme un prunier) puis de retourner au cap saint vincent demain matin.
2ème jour : Du Cabo de Sao Vicente à Odeceixe
Le lendemain matin, nous levons le camp dès le réveil pour aller prendre notre petit déj au cap saint-vincent. IL y a toujours autant de vent et cette fois-ci, des vendeurs ambulants se sont installés pour proposer des ponchos et des gilets en laine aux touristes frileux. Ca ressemble aux lainages en alpagas qu’on voyait au Pérou ! Sauf que là, nous sommes au Portugal et que la journée, il fait 25°C, cherchez l’erreur ^^ ! Bref, nous savourons notre petit déj avec vue sur le phare, puis nous partons nous balader au sommet des falaises.

Nous ne regrettons vraiment pas d’y être retourné ce matin, car la promenade le long des falaises nous permet vraiment de nous rendre compte des lieux : des falaises abruptes et déchiquetées, qui tombent droit dans la mer à 80m de hauteur et un vent à décorner les bœufs, pfiou ça décoiffe ! On a vraiment une impression de bout du monde… en même temps, on y est presque, puisque nous sommes au bout de l’Europe ^^ ! Nous apercevons même au loin un petit voilier en train de franchir le cap, il parait bien minuscule au milieu de toute cette étendue bleue, et aussi une petite barque de pêcheur juste au pied des falaises ! Quel grand malade celui-ci d’aller pêcher ici ^^ !
Le cap saint-vincent a l’air d’être un lieu mythique pour les cyclistes : nous croisons un touriste français d’une soixantaine d’année qui est venu jusqu’ici en vélo (chapeau le mec avec le vent qu’il y a !) et apercevons le petit cadenas de deux jeunes mariés pour lesquels le cap semble être le point de départ de leur voyage de noce… en vélo !
Après avoir pris cette bonne bouffée d’air pur, nous rebroussons chemin pour poursuivre notre découverte de la côte vicentine. Nous nous arrêtons très vite près d’une plage, la « praia do beliche », une longue bande de sable fin située au pied des falaises avec une eau bleu à couper le souffle, c’est superbe ! Une fois de plus, des images d’Australie nous reviennent en tête, l’endroit nous rappelle la plage Shelley Beach sur le côte sud-ouest de l’Australie ! Un escalier en bois permet de descendre jusqu’à la plage, mais le plus agréable à notre goût est de contempler cette eau bleue depuis le sommet des falaises… tandis que notre tite passagère roupille tranquillement !

Notre prochaine halte est le village de Carrapateira. Ou plutôt, la route côtière qui permet de découvrir le littoral aux environs du village. Un panneau indique sur notre gauche la « praia do Amado »… on ne sait pas où ça mène ni même si la route sera carrossable pour le camping car mais tant pis… nous tournons ! Et bien, nous avons bien fait car quelques km plus loin, nous arrivons au bord d’une plage principalement fréquentée par les surfeurs, qui est très belle ! A défaut d’une pause baignade (compte tenu des vagues), on fait une pause biberon pour la mam’zelle, tout en observant le va-et-vient des surfeurs qui essaient tant bien que mal de tenir debout sur leur planche (en fait, l’endroit est surtout fréquenté par les écoles de surf, ceci explique cela ^^).

Nous poursuivons notre petit bonhomme de chemin en suivant la route côtière qui nous fait découvrir des très beaux points de vue grâce à des passerelles qui permettent de s’approcher au plus près des falaises et des plages. Une fois encore, l’Australie n’est pas bien loin dans nos têtes ^^ ! Les plages sont vraiment sauvages et gigantesques, ce sont de grandes étendues de sable arrosées par les vagues et hormis quelques surfeurs par endroit, il n’y a pas grand monde qui s’aventure dans l’eau… il n’y a pas grand monde tout court d’ailleurs ! Sinon, c’est vraiment la nature à l’état pur !
Nous roulons ensuite jusqu’au village d’Odeceixe, situé un peu à l’écart de la mer, le long d’une rivière tranquille, de collines endormies et de pâturages verts… Le village en lui-même est charmant avec son enfilade de maisons blanches, son atmosphère reposante et… son moulin à vent perché au sommet du village ! Malheureusement, celui-ci n’est plus en activité depuis quelques temps. Nous nous baladons un moment dans le village, au hasard des ruelles pavées qui grimpent jusqu’au moulin, et tentons d’échanger quelques mots mi-espagnol, mi-portugais avec les habitants du coin qui sont attendris par notre louloute ! Le village a l’air assez préservé du tourisme (même si on voit de plus en plus d’adresses recommandées dans le guide, ainsi que plusieurs restos plutôt chics), sans doute du fait de sa situation a quelques km de la mer.


Il nous faut donc reprendre la route pour parcourir les derniers km qui nous mènent jusqu’à la plage d’Odeceixe. Plusieurs camping car sont déjà installés sur un grand parking au bord de la mer, et aucun panneau n’interdit l’accès aux camping car, donc nous décidons de rester là pour la nuit ! Surtout que les lumières du crépuscule nous font penser que le coucher de soleil ne saurait tarder ! Nous coupons le moteur, installons tout ce qu’il faut, et savourons notre apéro tout en admirant le soleil se coucher sur l’océan… encore une belle journée qui se termine, on ne s’en lasse pas !
3ème jour : De Ocedeixe à Porto Covo
Nico se lève de bonne heure pour aller faire un tour de vélo tandis que je termine ma nuit tranquillement avec la tite passagère ! Elle ne tarde pas à se réveiller sur les coups de 9h… ça passe ^^ ! Je me prépare, puis je prépare la demoiselle et prends mon petit déj face à la mer. J’attends le retour de Nico tandis que la demoiselle joue sur son tapis d’éveil, puis nous ressortons tous les trois pour nous dégourdir les jambes le long de la mer. Une fois de plus, la plage est magnifique, décidemment, nous allons de merveille en merveille le long de cette côte ! Et une fois de plus, pas grand monde dans l’eau ni même sur la plage, il faut dire qu’elle doit être fraiche et que le vent frisquet doit en décourager plus d’un !

Et puis nous reprenons la route en direction du Cabo Sardao. Alors pourquoi ce cap en particulier ? Parce qu’il se trouve que depuis que nous sommes au Portugal, nous croisons des nids de cigognes partout sur notre route, et surtout au sommet des pilonnes électriques ! Et justement, le cabo Sardao est un lieu privilégié pour les cigognes qui construisent leur nid en équilibre au sommet des falaises, avec l’océan à perte de vue… elles ont plutôt bon goût mesdames les cigognes ^^ ! Nous arrivons donc au cap et nous nous rapprochons du sommet des falaises pour apercevoir ces fameux nids de cigognes. Et là, nous sommes gâtés car il y en a plusieurs dizaines, perchés au sommet des falaises ! On a l’impression que la moindre bourrasque de vent pourrait faire dégringoler le nid, mais en fait non, ça a l’air plutôt costaud cette affaire ! Et puis il y a plein de bébés cigognes qui attendent patiemment que leurs parents ramènent quelques victuailles au nid. L’endroit est incroyable, avec toutes ces falaises déchiquetées par le vent et le bruit des vagues en contrebas, c’est splendide !



Un peu plus au nord, nous faisons de nouveau une halte dans la petite ville de Vila Nova de Milfontes, très sympathique, construite au bord d’une lagune. Nous cherchons désespérément un endroit pour déjeuner, tournons en rond dans la ville avec le camping car, repassons plusieurs fois aux mêmes endroits, mais nous n’avons pas envie de manger dans les restos touristiques du bord de mer, où tous les menus sont traduits dans une dizaine de langues et où les prix sont les mêmes qu’en France, on cherche quelque chose de plus authentique !… Et nous finissons par trouver, à force de persévérance ! Une petite cantine toute mimi qui ne paie pas de mine et qui s’appelle la « cantinha da maria » 🙂 ! Elle est tenue par une dame d’une soixantaine d’années et son mari qui est en cuisine. Lorsque nous entrons, il y a un autre couple de portugais installés à une table. Nous commandons une « bacalhau na bras » et un « porco al alentejana » (deux plates typiques du Portugal : pour le premier il s’agit de morue cuisinée avec des pommes de terre et des olives et pour le second, de porc cuisiné avec des palourdes et une sauce aux poivrons). La cuisine est délicieuse, nous sommes ravis de notre choix ! Nous échangeons quelques mots mi-espagnol, mi-portugais avec la dame qui tient le restaurant, qui nous parle de son petit fils et ne tarde pas à prendre notre tite passagère dans les bras pendant que nous buvons le café. Elle va voir son mari avec la petite et la promène dans tout le resto comme un trophée ! Bref, nous sommes ravis de notre choix et de cette rencontre avec Maria et son mari !


Nous terminons la journée au vilage de Porto Covo, encore un peu au nord sur la route. Nous sommes maintenant à l’extrémité du parc national de la côte vicentine, mais les paysages sont toujours aussi splendides ! Nous faisons un rapide tour du village, qui se limite à deux ruelles qui descendent vers l’océan. L’ambiance y est plutôt calme et détendue, avec ses messieurs qui sirotent en terrasse tandis que les gamins jouent au ballon dans la rue. Nous croisons une française en vadrouille depuis 7 ans à travers l’Espagne et le Portugal avec ses énormes sacs à dos, elle cherche un endroit où dormir et pestent contre les villas de vacances qui sont fermées et inhabitées à cette époque…

Puis nous nous mettons à la recherche d’un endroit pour la nuit. Nous trouvons sans aucune difficulté un spot juste au bord de l’océan, avec toujours une vue imprenable et le coucher de soleil qui ne saurait tarder ! Encore une belle journée qui s’achève tout doucement au rythme des vagues et du soleil couchant…
4ème jour : Porto Covo
C’est notre dernière journée sur la côte vicentine, car il nous reste encore plein de choses à découvrir au Portugal et mine de rien, les journées passent vite ! Bizarrement (ou pas d’ailleurs), on est triste à l’idée de quitter ces endroits fabuleux, car on a peur que la suite ne soit pas aussi bien… on hésite presque à rester une journée supplémentaire ! Bon, la nostalgie nous quitte assez vite et l’énergie revient, on décide de faire une ballade le long de la mer avant de reprendre la route. Nous découvrons un enchainement de petites plages toutes plus mignonnes et désertes les unes que les autres, ça fait bizarre de voir de si petites plages alors que jusqu’à présent on voyait plutôt des immenses étendues de sable. Nous choisissons l’une d’elles pour nous poser un moment et donner à manger à notre tite passagère.

Nous restons à Porto Covo pour le déjeuner, toujours à notre super spot au bord de l’océan… décidemment, on est vraiment nostalgique à l’idée de quitter cet endroit. Porto Covo et la côte vicentine resteront sans aucun doute parmi nos meilleurs souvenirs du Portugal ! Des images d’Australie ont refait surface à plusieurs reprises, mais nous avons aussi découvert une côte sauvage et préservée, et une nature à l’état pur comme nous l’aimons ! C’est donc sans regret que nous reprenons la route, non sans un regard dans le rétroviseur (pour être sûr « de n’avoir rien oublié ») et nous roulons désormais vers notre prochaine destination… Lisbonne ! Mais ça, c’est une autre histoire !